Hier soir, petite sortie entre potes.
On commence par un resto sympa (petit tuyau: le gratin d'aubergines du Bistro Romain de Plan-de-Campagne, un délice!), suivi d'un bowling. Sur le chemin qui nous sépare du bowling, une de mes amies me prend à part et me glisse discrètement à l'oreille: "Ohlala, Céline, j'ai vu un truc horrible cet aprem. J'arrive pas à m'en remettre...". J'avoue que sur le moment j'ai cru à une blague, mais quand j'ai vu son malaise, j'ai vite changé d'avis. Quelques phrases plus tard, je comprends qu'elle avait visionné la vidéo, tournée en Chine, du dépeçage des ratons laveurs et autres renards argentés (vivants et tout à fait conscients!). Celle-là même qui se trouve en lien sur ce site. Comme moi quand j'ai vu cette vidéo, elle ne s'attendait pas à tant d'horreur.
Une horreur qui dépasse l'imagination et même la raison... Des images qui vous hantent et devant lesquelles on se sent si impuissant. Comme celle du raton qui se débat pendant que le marchand lui retire sa peau comme on enlève une chaussette de son pied. Comme celle de ce même raton qui, dépourvu de sa peau, les chairs à vif, essaie encore de se relever et adresse un regard suppliant à la caméra. Ce regard ensanglanté laisse sans voix. Cette souffrance et cette cruauté à l'état brut assomment.
Evidemment, voir des images pareilles, ça fait mal, ça rend triste, ça donne envie de hurler, ça traumatise. On préfèrerait presque ne pas les avoir vues et continuer notre petite vie sans savoir. C'est le "presque" qui est important ici. Personnellement, je préfère savoir. Oui, je ne serai plus la même après ça; oui, j'ai des flashs sanglants qui me reviennent parfois; mais j'ai choisi de ne pas me mettre d'oeillères et de faire marcher mon cerveau, avec toutes les informations nécessaires. Car même si ça fait mal de savoir, est-ce comparable au mal que ressentent ces milliers d'animaux, exploités dans des conditions terribles pour la mode? Pour la vanité.
Je ne vivrai pas ma vie en me contentant d'un vague passage sur Terre. Je veux pouvoir agir en toute connaissance de cause, car finalement, le pire, dans tout ça, c'est peut-etre bien l'indifférence.